The Girl of Land

Gérard Lapalus, 2011

The Girl of Land, 2000, Musée municipal, Toyota (Japon)

Mara des bois, Vicomtesse Ericart de Thury, Charlotte des bois, The Girl of Land, ces variétés de fraisiers aux dénominations bucoliques et séduisantes ont successivement été retenues par Jacques Vieille pour les jardins horticoles hors sol qu’il a présentés à Vassivière, à Calvignac, au Louvre et enfin à Toyota, au Japon. Suspendus à une grue de chantier, des gaines en polyéthylène T. P. C. rouge cannelées, régulièrement percées d’alvéoles où sont logés des pots de fraisiers, se répandent en une vaste corolle sur le sol. Un feston noir de tuyaux d’arrosage par goute à goute borde l’ensemble du dispositif et procure aux plants l’eau indispensable à leur croissance. L’intense lumière de lampes au sodium réalise la photosynthèse et irradie cette version inédite de la culture hydroponique.

Les T. P. C., Tubes de Protection pour Câbles, infiltrent, par leurs réseaux tentaculaires et dissimulés, toutes les infrastructures de notre environnement. Ramenés sous les feux de la rampe, Jacques Vieille les utilise dans un nouveau rôle ; il les réhabilite en éléments décoratifs d’un jardin intérieur. De leur assemblage surgit une paradoxale sculpture organique et onirique. Plus qu’une « installation », il s’agit ici d’une composition savante, associant le naturel et l’artificiel, un bouquet flamboyant où un réseau d’artères géantes paraît irriguer de son rougeoyant flux nourricier le délicat parterre de fraisiers.Jacques Vieille nous amène à une paradoxale contemplation, celle d’une nature saisie dans les rets des nouvelles technologies agricoles, captive et soumise aux dispositifs sophistiqués de la culture hors sol. Ses intentions ne sont cependant ni revendicatrices ni moralisatrices. Il nous propose, à la manière du Duc des Esseintes de J. K. Huismans, une vision « à rebours » de la nature, par une utilisation plaisante des artifices de la modernité.

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