C’est dans la nécessité de mettre le corps en travail, l’éprouver, que vont s’inscrire les dépenses.
Au plus près des états de corps induits par l’engagement physique, l’enjeu des dépenses n’est en aucun cas la recherche d’une limite ou d’une performance physique.
Des corps qui transpirent, s’essoufflent, se fatiguent, résistent, émerge une autre qualité de présence et de porosité.
Activées dans l’espace urbain, les premières dépenses se caractérisent par des protocoles simples, empruntés au domaine des pratiques sportives ou du jeu, et par une certaine économie de moyens : repérer un lieu, définir un cadrage, activer une dépense dont la durée n’est pas fixée à l’avance mais déterminée par la sensation d’avoir épuisé le cadre.
Le protocole qui encadre les dépenses peut s’ouvrir à la participation d’autres personnes sur le mode d’une invitation.
Au cours des repérages urbains effectués à la recherche de lieux pour activer les dépenses, des objets sont prélevés. Objets abandonnés ou éléments de voirie délaissés, choisis en fonction de leur forme, du potentiel qui s’en dégage, de leur capacité à convoquer l’imaginaire.
Rapportés dans mon propre champ d’expérimentation, certains objets sont conservés en l’état, alors que d’autres sont détournés, re-travaillés par changement de matériaux, plus malléables, plus organiques. Ces éléments acquièrent alors de nouvelles propriétés physiques - poids, densité, équilibre - qui invitent à d’autres gestes que ceux initialement prévus, à partir de là peuvent se déployer de nouvelles propositions performatives.
Cheminements au cours desquels sont déplacés, transportés, des objets, à l’échelle du corps mobilisé par l’effort.
Les déplacements naissent suite aux premières dépenses et premiers éléments prélevés, comme pour ouvrir, sortir du cadre, échapper à la délimitation du terrain de jeu.
Traverser, parcourir de manière intuitive par la marche un espace, se confronter à cette matière.
Au cours de certains déplacements des tracés ou empreintes de terrain sont réalisés.
Le déplacement comme un mouvement de la pensée.